Les algues se développent en mer en se nourrissant des ressources minérales dans l’eau. Lorsqu’il y a beaucoup de nutriments (nitrates et phosphates), elles croissent rapidement. Une petite augmentation de la biomasse des algues n’a pas d’effet négatif sur l’écosystème et peut même provoquer un accroissement de certaines populations de poissons. Par contre, lorsqu’il y a trop de matières nutritives dans l’eau, une stimulation trop forte de la croissance des algues peut in fine troubler l’eau. En effet, quand l’algue meurt, celle-ci est décomposée par de nombreuses bactéries qui utilisent l’oxygène de l’eau pour respirer ; l’eau peut-être temporairement appauvrie en oxygène (hypoxie) ce qui menace la survie des autres êtres vivants. Ce phénomène est appelé l’eutrophisation. Selon le milieu (baie calme ou mer agitée) et le type d’algue (macroscopique ou microscopique),  il s’observe sous différentes formes: marée verte ou mousse sur la plage.

Mousse sur la plage à cause de Phaeocystis (Le Portel France: 04/2012)
(Photo credit: Nausicaa, Adrien Delater-Julien Legrand) 

Des algues vertes sur la plage (Nord Finistère, Bretagne-France)
(Photo credit: Thesupermat, Wikipedia) 

L’eutrophisation est l’une des causes de la détérioration de la qualité de l’eau. Dans la Mer du Nord et la Manche, ce phénomène est principalement lié aux activités humaines . En effet, les nutriments peuvent avoir une origine naturelle mais aussi anthropogénique. On en trouve par exemple dans:

• Les eaux usées domestiques
• Les rejets industriels
• Les rejets agricoles (usage de fertilisants)
• Les dépôts atmosphériques d'azote (stocks et gazs)

Le “trop plein” en azote, phosphore et autres substances organiques peut avoir des conséquences néfastes comme par exemple :

• Un accroissement de la biomasse phytoplanctonique donnant lieu à un bloom algual
• Une hypoxie (eau appauvrie en oxygène)
• L’augmentation du nombre de poissons pêchés déjà morts
• L’eau peut avoir mauvais goût, une couleur anormale et une certaine odeur, ce qui a un impact négatif sur le tourisme. Les collectivités doivent alors investir davantage dans le traitement des eaux usées
• La baisse ou la perte de biodiversité (des espèces commercialement importantes pourraient venir à disparaître)
• Certaines espèces phytoplanctoniques produisent des toxines pouvant avoir des conséquences comme la diarrhée, la perte de mémoire, la paralysie, voire dans les cas les plus extrêmes la mort.

Diagramme représentant les différentes voies de dépôt de nutriments dans les eaux côtières et les processus qui en découlent, menant à l'eutrophisation et à l'hypoxie (Photo credit: Dr. Hans W. Paerl)

Ainsi, de tels problèmes environnementaux touchent non seulement la vie aquatique mais peuvent aussi nuire aux activités économiques du bord de mer (pêche, tourisme, loisirs…).
Depuis ces 20 dernières années, toutes ces questions ont été étudiées de manière approfondie et ont fait l’objet de nombreuses discussions… Le problème a été pris en compte au sein de la Directive-Cadre sur l’Eau de l’Union Européenne et  au sein de la convention OSPAR en 1992. Ces deux conventions ont pour objectif d’instaurer une bonne gestion de nos rivières et de nos eaux côtières. Pour atteindre ces objectifs, les paramètres de qualité de l’eau doivent être régulièrement contrôlés et publiés.
De même, on se doit d’étudier ses effets socio-économiques sur le territoire et identifier les informations nécessaires aux parties prenantes (acteurs politiques, agricoles, industriels, touristiques…).